L’industrie automobile mondiale est paradoxale. Elle vit intensément les variations brutales du climat économique tout en subissant un cycle de mise en production de ses nouveaux produits qui reste de l’ordre de trois ans. De fait, entre les véhicules qui circulent dans la rue et ceux que l’on voit dans les salons, entre les engagements des dirigeants et les chiffres de vente effectifs, il y a toujours un décalage qui frise souvent le grand écart. Pour combler cet espace temps, ce sont les prototypes et concept cars qui ont pour mission dans les salons de fixer les tendances et de tester les idées nouvelles sur les clients avant de passer éventuellement à la série sous des formes industriellement plus raisonnables. Faute de nouveaux produits, ce sont également ces véhicules de rêve qui ont sont chargés d’attirer les regards et d’occuper la presse. L’industrie automobile ressemble à celle de la mode entre la haute couture et le prêt-à-porter. Les enjeux économiques et technologiques y sont toutefois plus intenses. La place du Salon de Genève est unique. C’est un terrain neutre où s’affrontent à la loyale les grands constructeurs mondiaux, car aucun ne peut prétendre être sur un territoire préservé. Genève offre ainsi un spectacle toujours très stimulant des promesses mais aussi des contradictions de l’industrie automobile. |